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Internet et psychanalyse

Posté par Jacques le 6/06/2002 à 09h36.

Bonjour,

Je copie un petit article du journal Le Monde, sur internet et la psychanalyse.

Il est écrit par Arnaud Robail, qui est psychanalyste et s'intéresse aux effets de la cyberdépendance.

Je retiens la phrase "Montre-moi ton historique et je te dirai qui tu es"...

(Mis à jour le mercredi 5 juin 2002)

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Appelons le M. X. Il est cadre dans une grande entreprise. Il partage sa vie entre son travail et sa famille. Il y a quelques années, Internet est entré dans sa vie comme dans beaucoup des nôtres. L'histoire pourrait s'arrêter là, mais M. X a senti son existence basculer à mesure qu'Internet y occupait une place plus importante. Il a commencé à passer une heure puis trois heures puis des nuits entières devant son ordinateur. Sa vie n'était plus guidée que par ses errances nocturnes. Lorsqu'il s'est présenté à mon cabinet, sa femme et ses enfants avaient quitté le domicile conjugal. Il était en passe de perdre son travail, et déjà entré en dépression.

Aujourd'hui, plus de 6 % des internautes peuvent être considérés comme des cyberdépendants. Ils présentent souvent les mêmes symptômes et les mêmes détresses psychiques. Il suffit de se tourner vers les Etats-Unis pour percevoir l'ampleur du phénomène. De nombreux psychologues ont travaillé sur le sujet, mais est-ce vraiment la bonne approche ?

On nous parle d'obsession compulsive, de besoin irrépressible à assouvir, on tente de corriger les symptômes, d'étudier les relations entre l'homme et la machine, mais personne n'ose se pencher sur le contenu des sites observés.

C'est cette démarche innovante que j'ai adoptée avec M. X et avec toutes les personnes qui viennent me consulter pour se libérer de leur addiction. Il ne s'agit plus de savoir pourquoi ils utilisent Internet mais de retracer et d'interpréter la toile que leur inconscient a tissée tout au long de leur parcours d'internaute. Il n'y a pas une toile unique que chacun parcourrait à sa guise, mais bien autant de toiles que d'internautes, et chacune d'elles présente une géographie qui lui est propre. "Montre-moi ton historique et je te dirai qui tu es ?" Sans doute, mais ce n'est pas si simple.

Freud, qui décrit à travers son analyse des rêves l'expression des désirs refoulés, se servirait probablement d'Internet d'une façon approchante. Toutes ces pages browsées, qu'elles soient de nature sexuelles, ludiques, économiques... révèlent au fond les véritables désirs des patients. Il ne s'agit pas de fonder uniquement l'analyse psychanalytique sur une étude de ces visites mais plutôt, comme pour les rêves, d'utiliser et d'interpréter le contenu latent des errances du patient.

La libération de la psyché passera ainsi par la découverte des véritables raisons qui ont poussé cet homme ou cette femme à fuir la vie réelle et à s'emprisonner dans une toile que nul n'a tissée, en définitive, sinon son propre inconscient.

Arnaud Robail



Commentaire de Théo Merlin : Des dépendances (posté le 6/06/2002 à 20h11).

Bonjour Jacques,

Je pense que ta lettre n'a rien de surprenant et que ça entre dans le cadre, facile, des dépendances de toutes sortes. Je doute un peu que Internet soit totalement en cause, une personne qui vit une dépendance en vit souvent une autre... une dépendance ne vient jamais seule! La plupart des alcooliques fument la cigarette, les cocaïnomane ou fumeur de hashish ont souvent une dépendance affective et les drogués de pilules boivent trop de café, etc.. Le 6% ne me surprend nullement. C'est des dépendances qu'il faut regarder.

Au Québec il y avait environ 250 personnes "addictives" au jeu avant les machines à jeu, maintenant il y en a des milliers. Est-ce à cause du gouvernement qui a installer des machines à jeu un peu partout? Je n'en sais rien, mais si ce n'était pas ça, je pense que ce serait autre chose. Je pense que c'est "des" dépendances qu'on parle et non pas de l'Internet. Je connais des fous du vélo, des fous de la coke, des fous du volant, des fous du sport, des fous de la bouffe, des fous de la vie, des fous de la bière, des fous des femmes, des fous d'absolument tout, à chacun son créneau. La dépendance est une maladie, pas l'Internet... ni la bière, ni l'amour, ni quoi que ce soit d'autre que des gens qui en souffre!

Couper des accessibilités ne me semble pas une solution; couper l'Internet, la boisson, le hashish, l'amour, le jeu, la cigarette, les jeux extrêmes, les pilules, la télé, les bars, etc., ça ne donnerait absolument rien, les dépendants trouveraient mieux, et pire, ailleur. Le 6% me fait penser à 6% de souffrants... et à mon 6% de souffrance...

C'est sûrement pas Internet, à mon avis, qui est en cause, mais la souffrance des gens de toutes sortes. Et ça on ne peut pas le quantifier et le disséquer. Et si on ne peut pas les aimer, peut-on au moins l'accepter... en eux comme en nous!

C'était ma réflexion

Commentaire de Starleigh : AkVgQSixbl (posté le 13/03/2012 à 16h25).

My hat is off to your asutte command over this topic-bravo!

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